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Accéder au siteAvec une agriculture toujours trop consommatrice d’eau et des étés de plus en plus secs, la question du partage de la ressource se pose fortement depuis quelques années. En Nouvelle-Aquitaine, une solution est mise en avant par le monde agricole : la création de retenues de substitution. Est-ce vraiment une bonne idée ou une mal-adaptation au changement climatique ? Ce qui est certain, c’est qu’entre l’approvisionnement en eau potable, le maintien de l’eau dans les cours d’eau, la sauvegarde des mares, la protection globale de la biodiversité et le remplissage des retenues pour maintenir l’irrigation, l’eau tend à manquer ; les usagers n’ont pas trouvé d’accord et des choix d’orientation sont à prendre. Plus particulièrement dans cette région, le manque d’eau et les cours d’eau en assec en été comme en hiver ne sont que les conséquences d’une gestion mauvaise, irraisonnée et malheureusement récurrente. Auparavant les cours d’eau souffraient de mai à septembre et cette période coïncidait avec des besoins plus importants en irrigation. Avec les retenues de substitution, les agriculteurs indiquent avoir trouvé une solution pour réduire la pression sur les rivières. Le remplissage des retenues s’effectuerait en hiver pendant les périodes de hautes eaux, là, où normalement les nappes sont pleines. Sauf, qu’avec des étiages sévères de mai à septembre et les effets du changement climatique, les cours d’eau sont en situation plus que critique en hiver. Le problème est qu’aujourd’hui, il n’est toujours pas démontré que ces réserves soient une réponse durable d’autant que la raréfaction de l’eau n’est pas prouvée. Les chiffres indiquent même que la pluviométrie est quasiment identique mais s’étale différemment dans le temps. Comme le dit très clairement Madame la Ministre Delphine Batho: « ce projet s’apparente ainsi à une fuite en avant, très onéreuse en terme d’utilisation d’argent public, et qui n’apportera pas la sécurité attendue par les agriculteurs face à un manque d’eau structurel». D’ailleurs, plusieurs rapports indiquent même un effet contraire, c’est à dire que lesretenues pourraient, à terme, augmenter la consommation d’eau. Les pratiques actuelles et les cultures d’aujourd’hui ne sont pas adaptées à l’évolution climatique que nous connaissons. Il est aussi important de rappeler qu’avant l’irrigation intensive, les cours d’eau ne s’asséchaient pas en été sur un linéaire aussi important. Le stockage de l’eau ne doit pas être une solution pour améliorer le rendement d’une agriculture intensive, rejetée par la population parce qu’elle n’est pas viable sur le long terme.
Dans l’ancienne région Poitou-Charentes, un projet de 19 retenues de substitution est tout de même en cours. L’enquête publique a été réalisée et validée malgré les nombreux retours négatifs. Comme souvent rappelé par Monsieur Pierre Lacroix, Président de la Fédération de pêche et de protection du milieu aquatique des Deux-Sèvres : « ce projet n’est pas d’intérêt général et ne protège aucunement le milieu aquatique. Il est économiquement incertain, écologiquement irresponsable et socialement injuste ! » On pourra également noter, l’avis de Madame la Ministre Delphine Batho : « les retenues de substitution, une fuite en avant qui n’apportera pas aux agriculteurs la sécurité qu’ils attendent ». Par ailleurs, l’Association des Fédérations de Pêche Centre – Val de Loire avait interpellé par courrier, en octobre dernier, Monsieur le Ministre Nicolas Hulot et lui avait transmis une vidéo symbolique qui présente brièvement les difficultés rencontrées sur les cours d’eau des Deux-Sèvres avec leurs particularités locales. Ce courrier attend toujours une réponse …
Fin 2017, les autorisations préfectorales pour la construction de chaque retenue ont été obtenues. Tous les voyants étaient au vert pour démarrer les chantiers. Toutefois, après une forte mobilisation citoyenne et plusieurs manifestations d’envergure, une crainte semble planer autour du projet : le financement de la région Nouvelle-Aquitaine ne serait pas acté.
Quand remplir de telles bassines ? Comment prélever sans impacter ? Qui va contrôler ? Autant de questions qui pourraient ne pas se développer avec l’abandon des nouveaux projets de retenues.
En effet, les programmes financiers de la nouvelle région ne seraient pas modifiés et n’ouvriraient pas la possibilité d’un financement des retenues de substitution, du moins, pas avant 2020. Sans modification des lignes budgétaires, les agriculteurs ne pourraient pas bénéficier des Fonds européens agricoles pour le développement rural (Feader). Actuellement, les financements portent sur des études mais aucunement sur la réalisation des projets. Il conviendra également qu’un consensus soit trouvé pour aider au financement de tels projets. Des chiffres pharaoniques circulent sur le coût global des retenues, évaluée par certains à près de 60 millions d’euros et aidé par l’agence de l’eau à hauteur de 30 millions d’euros. Alors que nous savons que cette dernière va être obligée de réorienter des choix. Est-ce que les retenues de substitution ne feront pas les frais de la pression financière exercée par l’Etat pour disparaître des aides dans le prochain programme d’intervention.
Pour terminer, il convient de rappeler qu’un tel projet, très coûteux en argent public, vient abonder une nouvelle fois, une profession qui bénéficie déjà énormément de l’aide européenne. Ces constructions valideraient l’agriculture intensive actuelle, toujours plus consommatrice en eau alors que dans le même temps, le constat est le même pour tous : il n’y a pas assez d’eau pour satisfaire les usages. Il faut faire des choix politiques et les assumer pour que la priorité soit de privilégier l’eau potable et le maintien de l’eau dans les entités hydrographiques.